ETUDE DES VIOLENCES PHYSIQUES ET SEXUELLES CHEZ LES ADOLESCENTES DE 10 A 19 ANS AU SENEGAL PAR UNE APPROCHE MIXTE
DOI :
https://doi.org/10.61585/pud-dkm-v67n303Mots-clés :
Mots clés : Violence, Physique, Sexuelle, VBG, Adolescente, SénégalRésumé
Introduction
Au Sénégal, la recherche s’est très peu intéressée sur les questions des déterminants des violences physiques et sexuelles chez la couche vulnérable des adolescentes pour une prévention des conséquences sur la santé. D’où cette étude sur les prévalences et facteurs explicatifs de ces violences chez les adolescentes de 10 à 19 ans.
Méthode
Cette recherche a utilisé une méthode mixte avec volet quantitatif et qualitatif selon l’approche séquentielle explicative. Elle a ciblé les adolescentes 940 adolescentes de 10 à 19 ans dans les communes de Guédiawaye, Kaolack et Kolda au Sénégal. Pour le volet quantitatif, il s’agissait d’une enquête transversale et analytique, basée sur un sondage aléatoire systématique en 47 grappes de 20 adolescentes, stratifié suivant la commune et l’âge. Les données collectées portaient sur les caractéristiques du ménage, des adolescentes, sur les violences physiques et sexuelles, la prise en charge des victimes ainsi sur la sensibilisation. L’analyse multivariée logistique binaire sur les facteurs associés aux violences physiques et sexuelles a été réalisée avec le logiciel R 4.0.2 à un risque de significativité de 5% et les Odd ratios ajustés ont été entourés de leur intervalle de confiance à 95%. Le volet qualitatif a été basé sur une étude de cas avec un choix raisonné des cibles des adolescentes et de leurs parents en application du principe de la diversification. Les entretiens ont été enregistrés, retranscrits, et analysés via le logiciel QDA Miner avec des verbatims illustratifs des résultats quantitatifs dans un processus intégratif. L’étude a obtenue l’approbation du Comité National d'Éthique pour la Recherche en Santé (CNERS), portant le numéro de référence SEN21/48
Résultats
L’étude portait sur 940 adolescentes âgées de 10 à 19 ans avec une prédominance la tranche d’âge des 15-19 ans (50,7%). Les chefs de ménages étaient majoritairement masculins (64,8%), avaient un âge moyen de 61,5 ans (+/- 21,5 ans) et sans instruction (40,7%). Les violences physiques et sexuelles représentaient respectivement 50,7% et 5,7%. Pami les 482 ayant subies une physique et ou sexuelle, 19,7% en ont parlé à quelqu’un et en priorité les membres de leur famille et 11,2% ont cherché de l’aide à la suite de ces actes en majorité auprès des membres de la famille. Moins d’un pourcent (0,4%) soit 2 victimes de VBG a bénéficié de services de prises en charge et les services reçus étaient la prise en charge psycho-sociale et le traitement des blessures. La régression logistique a montré que les adolescentes vivantes dans les ménages dirigés par une femme (ORaj =1,67 IC à 95% [1,17-2,38)], ayant plus de 7 personnes (1,52 [1,2-2,25)], polygames (3,07 [1,4-6,72]), étaient plus à risque des violences physiques contrairement aux adolescentes protégées du fait du niveau d’instruction élevé de leur chef de ménage (ORaj=0,54 [0,32-0,91]). Les adolescentes ayant subies des violences physiques au cours de leur vie étaient plus exposées aux violences sexuelles (ORaj=2,67 [1,45-4,95]).
Conclusion
En conclusion, les violences physiques et sexuelles restent fréquentes et le cercle familial constitue un facteur d’exposition. Peu de victimes en ont parlé ou cherché de l'aide. Il est donc crucial de sensibiliser et mettre en place de services de prise en charge adéquats pour limiter les conséquences sanitaires, scolaire et sur le développement psychomoteur des adolescentes.